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Emploi dans les infrastructures numériques : un niveau dynamique jusqu'en 2030 mais des défis d'anticipation et d'évolution - InfraNum

Le 2ème volet de l’étude prospective des besoins en emplois et compétences dans la filière des infrastructures du numérique à l’horizon 2030, réalisée par le cabinet Katalyse dans le cadre de l’EDEC infrastructures du numérique signé le 1er décembre 2021 avec l’Etat et les OPCO (2021-2024), vient de sortir. Six mois d’étude avec la participation du Contrat Stratégique de Filière infrastructures numériques, 70 entretiens personnalisés et une enquête en ligne largement plébiscitée, débouchent sur une meilleure compréhension des besoins en emplois, compétences et formation dans la filière.

Annoncée par le ministre Jean-Noël Barrot lors de la dernière Université du THD à Toulouse (oct.2022), l’étude vise à mieux anticiper l’évolution des besoins et accompagner la mise en place de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et compétences) pour les entreprises de la filière des infrastructures numériques. La fédération InfraNum, très impliquée sur le volet emploi du CSF, se réjouit des résultats.

2022-2030 : création nette de 33 000 emplois dans les infrastructures numériques

Le secteur des infrastructures numériques continuera de créer des emplois jusqu’à au moins 2030, à hauteur de 33 000, soit une croissance moyenne de 5% par an, pour un total de près de 103.000 collaborateurs à ce terme.

Analyse par technologie :
FTTH : pic d’activité et d’emplois en 2023-2024, puis baisse des besoins (-20 000 emplois entre 2024 et 2030)
Cuivre : hausse des effectifs à partir de 2027-2028
Mobile : stabilité globale à partir de 2024, le déploiement de la 5G prenant le relais de celui de la 4G
RELEC : hausse de 28.000 emplois entre 2023 et 2030 (pour le déploiement et la maintenance)
Datacenters : doublement des besoins emplois entre 2023 et 2030, essentiellement concentrés autour de Paris et Aix-Marseille

Si le décommissionnement du cuivre et le déploiement 4G/5G ne constituent pas de réels leviers, l’émergence de nouveaux chantiers, notamment dans les datacenters et les territoires connectés, soutient le besoin en emplois.

Le chantier de la fibre optique en France mobilise plus de 31.000 salariés en 2022. Les emplois liés au raccordement atteindront leur pic entre 2023 et 2024. La baisse des effectifs notamment dans les métiers du raccordement final abonné (qui passeront de 15 000 à 2 000 emplois entre aujourd’hui et 2030), sera en partie compensée par la création de plus de 2 000 emplois dans la maintenance du réseau. Ces derniers atteindront près de 6 500 emplois en 2030. Au total, près 10.000 emplois seront maintenus sur le segment de la fibre à cet horizon.

Les grands relais : datacenters et réseaux locaux d’équipements connectés

Les emplois dans les réseaux locaux d’équipements connectés (RELEC) connaîtront la plus forte croissance entre 2022 et 2030 (multiplication par 5) et représenteront à terme la part d’emplois la plus importante de la filière avec près de 40.000 collaborateurs. Près de 6 000 ingénieurs et 12 000 techniciens de maintenance réparateurs d’équipements sont attendus en renfort sur ces réseaux d’ici 2030.

Les emplois dans les datacenters doubleront également sur cette période, passant de 11.500 aujourd’hui à plus de 20.000 en 2030. Ils concernent majoritairement le niveau de technicien (70 % des besoins) et seront principalement concentrés en Ile de France et à Aix-Marseille. Des profils cependant complexes à recruter compte-tenu du peu de formation existante et des compétences spécifiques attendues.

Les défis : l’attractivité et les passerelles métiers

A court terme, il s’agit d’attirer et recruter des candidats de bon niveau pour finaliser le déploiement de la fibre.

A moyen et long terme, l’enjeu consiste à continuer à être attractif pour accompagner la montée en charge sur les autres chantiers des infrastructures numériques (maintenance des réseaux fibrés, territoires connectés, datacenters et 5G industrielle) et permettre la reconversion et/ou la montée en compétences d’une partie des salariés, notamment de la fibre.

Pour le secteur qui souhaite reclasser une partie de sa main d’œuvre, l’étude dégage de nombreuses passerelles possibles entre les métiers du Très Haut Débit d’aujourd’hui et ceux de la prochaine décennie (cf. cartographie de l’étude). Les techniciens fibre pourraient ainsi aisément migrer vers les chantiers datacenters, de même que les monteurs-raccordeurs fibre vers le marché des territoires ou réseaux d’équipements connectés.

La majorité des entreprises, notamment celles qui sont aujourd’hui positionnées sur la fibre, sont conscientes des enjeux de transition. Si elles font preuve d’anticipation et font évoluer leur stratégie en fonction des nouveaux marchés malgré la faible visibilité sur la réalité de ces derniers (71% des entreprises interrogées font de la formation de leurs salariés une priorité), les prochaines années seront cruciales et devront s’accompagner d’une gestion prévisionnelle des emplois et parcours professionnels pour mieux anticiper les besoins réels.

Face à tous ces défis, InfraNum encourage l’adoption de mesures concrètes pour la filière pour :

 

    • Une meilleure agilité des programmes et de la reconnaissance des titres professionnels, avec une révision plus dynamique des certifications et des programmes de diplômes existants ;

    • Une meilleure adéquation entre offre de formation et croissance des nouveaux chantiers, avec la création d’un tronc commun de compétences permettant plus de modularité dans les formations émergentes et facilitant les reconversions ;

    • L’amélioration de l’attractivité des métiers des infrastructures numériques via une sensibilisation accrue des équipes pédagogiques, un dialogue renforcé et plus de lisibilité des formations existantes ;

  • La prise en compte de nouvelles compétences en réponse au niveau d’exigence des nouveaux marchés, notamment en termes de cyber sécurité, de transition environnementale et de comportement.

Lien vers l’étude complète La synthèse L’infographie